Contexte/Problématique
Le conseil d’administration du Pôle Européen d’Innovation Fruits et Légumes (PEIFL) associe les producteurs et les industriels de la région mais aussi les organisations professionnelles et interprofessionnelles. Il a engagé, dès 2006, une démarche d’ouverture vers le grand public, et en particulier les jeunes et les scolaires, afin de communiquer sur les thématiques qu’il partage avec les acteurs de la filière, telles que :
- le développement économique durable de la filière
- la qualité des productions fruitières et légumières
- le rôle des fruits et légumes dans l’équilibre alimentaire la prévention des pathologies majeures,
- la sécurité sanitaire des productions et des aliments
- la prévention des risques et les modes de culture
- l’amélioration du goût et de la culture alimentaire
- l’attractivité des métiers de la filière
- l’éducation des jeunes publics
C’est en ce sens que naît le projet Epicurium, premier site en Europe de communication culturelle et scientifique entièrement dédié à la filière Fruits et Légumes ouvre ses portes en juin 2010 à Avignon au sein de la Cité de l’Alimentation, avec l’ambition d’y accueillir chaque année 25 000 visiteurs issus de divers univers.
Public/Cible
En 2008, ce projet est porté par le PEIFL (Terralia) et tous les acteurs de la filière représentés au sein du conseil d’administration du pôle de compétitivité : production agricole, chambres d’agriculture, semenciers, industries agricoles et alimentaires, organisations professionnelles et interprofessionnelles dont Interfel.
Les publics ciblés sont tout autant les groupes scolaires et les familles que les touristes et les professionnels. Une large gamme d’activités et de formules de visite permet de s’adapter aux attentes diverses de ces catégories de public. Par exemple différents documents d’accompagnement pédagogique étaient mis à la disposition des enseignants du primaire et du secondaire, afin de préparer, accompagner et approfondir la visite d’Epicurium dans le cadre scolaire selon le cycle.
Objectif poursuivi
Epicurium s’engage dans une activité de diffusion de culture scientifique et technique, et ce dans une perspective d’éducation, de sensibilisation et de communication sur les fruits et légumes auprès du grand public. Ce projet de grande envergure répond à plusieurs enjeux importants :
- de développement durable, en favorisant la prise de conscience de notre intégration à un environnement naturel qu’il est impératif de préserver.
- de santé publique, par l’information sur le rôle majeur des fruits et légumes dans l’équilibre alimentaire ; en apportant une contribution aux enjeux nutritionnels définis par le PNNS et au rôle majeur joué par les fruits et légumes dans l’équilibre alimentaire.
- culturel, par la diffusion de connaissances historiques et anthropologiques variées ainsi que par la mise en avant d’une culture méditerranéenne.
- citoyen, par l’organisation de rencontres et d’échanges entre professionnels, scientifiques et grand public.
- économique, par la valorisation des savoir-faire et métiers de la filière fruits et légumes sur le territoire.
Descriptif du projet
Une étude de fréquentation a été réalisée en mars 2007, par le PEIFL en collaboration avec le laboratoire Culture et Communication de l’Université d’Avignon. L’objectif était d’estimer des volumes et types de fréquentation, en fonction du public potentiellement intéressé au regard d’Epicurium, mais aussi du public ambitionné pour assurer une rentabilité partielle ou relative. Cette étude prévoyait une fourchette de fréquentation allant de 12 000 à 15 000 visiteurs annuels dans les premières années, avec un objectif réaliste de 25 000 visiteurs annuels à terme. La répartition des catégories de public est la suivante :
- 49 % public touristique (groupes et individuel, tourisme de loisir et tourisme professionnel)
- 33% public scolaire (écoles primaires et collèges)
- 18% public local
L’évaluation du projet devait être réalisée dès la première année d’ouverture en partenariat avec le laboratoire Culture et Communication de l’Université d’Avignon, spécialisé dans ce type d’études. Si aucun document sur cette évaluation n’a pu être trouvé, il était question d’une enquête qualitative auprès du public réalisée en deux temps. Un questionnaire dirigé vers un large public puis des entretiens semi- directifs auprès d’un échantillon plus restreint seraient réalisés. Enfin des indicateurs de fréquentation auraient été fournis par des données statistiques complètes recueillies systématiquement lors de l’achat d’un billet d’entrée ou d’une participation à des ateliers ou autres manifestations.
Epicurium comportait un espace muséographique, un potager, un verger, deux serres, un espace de restauration, une boutique, un espace pique-nique et une salle d’ateliers.
Le parcours d’exposition de l’espace muséographique instruit sur l’usage des fruits et légumes par les hommes, dans trois domaines que sont l’alimentation, l’agriculture et l’industrie. La présence d’un verger, d’un potager et d’une serre permet au visiteur d’être véritablement immergé dans le monde de la production des fruits et légumes. Il s’agit d’une exposition semi-permanente, dont certains éléments sont modifiés au gré des saisons et de l’actualité. Tout au long du parcours, les fruits et légumes de Méditerranée sont mis à l’honneur. Des focus sont faits sur certaines spécificités régionales. Enfin, des activités destinées à stimuler les 5 sens du visiteur sont également proposées, afin de valoriser une forme d’expérience sensorielle.
Epicurium suit 7 différentes étapes, qui sont autant de manières différentes d’aborder la thématique des fruits et légumes :
- Au fil des saisons – approche culturelle
Elle immerge le visiteur dans l’univers des fruits et légumes, avec une longue fresque interactive qui symbolise le passage des saisons. Le long de cette fresque, le visiteur découvre des extraits de films, des poèmes, des photos, des illustrations et des chansons, mais aussi des sons, des odeurs ou des plantes qui contribuent à l’immersion dans l’univers vivant des fruits et légumes.
- D’un continent à l’autre – approche géographique
Le visiteur pénètre ensuite dans un globe géant, où des diaporamas silencieux sont projetés sur les différents continents. Des contes de différents pays peuvent également y être écoutés. Il s’agit de faire comprendre de manière assez intuitive que la diversité et l’évolution des fruits et légumes dans l’alimentation et la société est fonction d’éléments culturels, économiques, climatiques, etc.
- Avec ou sans pépin? – approche botanique
Cette partie vise à expliquer les notions, culturelle et botanique, qui se cachent derrière les mots «fruit» et «légume». Les 7 familles de légumes, le développement du fruit et la croissance des plantes sont présentés par des vidéos, des photos et des textes. Un espace est aussi réservé à la mise en scène de fruits et légumes de Méditerranée.
- Une question d’équilibre – approche nutritionnelle et sensorielle
Il s’agit ici d’aborder le rôle des fruits et légumes dans l’équilibre alimentaire. Au centre de l’espace, un «Rubik’s cube» géant permet de visualiser toutes les richesses sensorielles et nutritives des fruits et légumes. Autour de ce cube, différents dispositifs permettent d’en savoir plus sur les vitamines, les fibres et les micronutriments, ainsi que sur les spécificités du régime méditerranéen. Enfin, cinq alcôves sont consacrées au rôle des cinq sens dans l’appréciation des aliments.
- Les coulisses de la conservation – approche industrielle
Cette partie vise à faire découvrir les procédés industriels de transformation des fruits et légumes, avec l’explication des techniques et de leurs effets sur les qualités des aliments. Un parallèle est effectué avec les pratiques culinaires domestiques de conservation et de préparation des fruits et légumes. Un accent est également mis sur l’activité traditionnelle de conservation et de confiserie, particulièrement ancienne en Vaucluse.
- Observer et créer – approche agronomique
Située à différents endroits du sentier qui traverse le potager et le verger, cette partie vise d’une part à faire prendre conscience de la diversité variétale et d’autre part à expliquer l’évolution des variétés comme résultat d’un processus naturel lié à la reproduction des plantes, mais aussi de techniques développées par l’homme pour satisfaire ses besoins.
- Cultiver et récolter – approche agricole
Situés également dans le potager, le verger et les serres, les différentes pratiques culturales ainsi que le travail de production agricole sont illustrés «grandeur nature». L’accent est mis sur une agriculture qui allie savoir-faire traditionnels et techniques modernes.
Enfin, la visite pouvait être enrichie du visionnage d’un ou plusieurs films documentaires dans un espace de projection prévu à cet effet.
Le potager et le verger d’Epicurium offrent la possibilité au visiteur de prolonger la découverte des fruits et légumes par un parcours agrémenté de parcelles thématiques variées et présentant plus de cent variétés différentes. Mais ce sont aussi des espaces de repos et de détente.
Il était possible de compléter la visite par des ateliers cuisine favorisant ainsi une approche concrète des fruits et légumes. Pour les groupes scolaires, les objectifs de ces ateliers culinaires concernaient l’éveil des cinq sens, la sensibilisation aux variétés de fruits et légumes, l’utilisation des ustensiles ou encore l’assemblage de produits. Les ateliers jardinage proposaient des activités de greffe ou de bouturage. Pour les adultes, les ateliers étaient davantage orientés vers la cuisine provençale des fruits et légumes et les possibilités de jardiner chez soi.
La visite pouvait être enrichie d’une excursion dans une exploitation agricole, un centre de recherche ou une entreprise. Cette possibilité de visite in situ est un aspect important du projet Epicurium : tout en impliquant les acteurs locaux au projet, cela permettait en outre de faire connaître la réalité du travail des professionnels de la filière, mais aussi de valoriser les exploitations, entreprises ou produits renommés en Provence.
Qu’il s’agisse de groupes scolaires ou d’adultes, le programme de visite peut se dérouler sur une journée (visite de l’exposition et ateliers le matin, visite d’une exploitation maraichère, d’une entreprise ou d’un centre de recherche l’après-midi) ou une demi-journée (visite de l’exposition et ateliers avec une rotation entre deux demi-groupes).
Le budget prévisionnel d’investissement total représentait 1 338 400 € TTC, les subventions publiques délivrées par l’Etat, la Région Provence Alpes Côte d’Azur, le Département de Vaucluse et le Grand Avignon confondues représentaient 1 140 000 € TTC le reste était à charge du PEIFL avec ses deux partenariats privés.
Le projet ne prévoit pas d’investissement immobilier puisque Epicurium est hébergé dans le bâtiment de la Cité de l’Alimentation de la CCI de Vaucluse qui a été libérée en août 2008.
Le budget prévisionnel de fonctionnement, construit à partir des hypothèses du nombre de visiteurs et de participants aux différentes offres d’Epicurium, prévoyait des résultats d’exploitation faibles la première année moins de 400 €, la seconde 4 000 € et la troisième presque 5 000 €.
Les budgets de fonctionnement et d’investissement prévisionnels sont disponibles ici.
Observation
En présentant au grand public la technicité des professionnels de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Epicurium valorise l’ensemble de la filière, ses métiers et la qualité des produits proposés au consommateur.
Le projet était situé sur l’Agroparc d’Avignon, à proximité d’axes de communication importants (route de Marseille, péage Avignon Sud de l’autoroute A7, aéroport d’Avignon, Nationale 7).
Interfel a soutenu Epicurium auprès du Ministère de l’Agroculture et de l’Alimentation via le pôle accessibilité d’Interfel, notamment, des visites d’Epicurium avec quelques personnalités et professionnels de la filière pour le lancement et l’ouverture du lieu se sont tenues en 2010.
Epicurium était ouvert depuis le 12 juin 2010 mais fermera définitivement ses portes en 2019 suite à un déficit financier.